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Pourquoi les métiers précaires peinent à recruter depuis la fin du Covid-19 ? #18


Depuis la fin du Covid-19, je ne sais pas si vous l’aviez remarqué, mais la circulation des RER et des trains Transiliens à la SNCF n’est jamais revenue à la normale. Chaque jour, c’est la même chose. De nombreux trains supprimés. Des fins de service prématurées à 22h-23h sur certaines lignes. Des « grèves locales », des salariés malades, tous les moyens sont bons pour tenter de camoufler ces énormes maux. La justification évoquée ? Une « pénurie » de conducteurs. La réalité ? La profession n’intéresse plus.

Aujourd’hui, ma réflexion portera sur la pénurie de conducteurs et la baisse d’intérêt des « petits » métiers en général depuis le déconfinement. On va donc se demander comment nous pouvons expliquer une telle perte d’intérêt pour ces professions ?

Sommaire

I. Une nouvelle réalité socio-économique post-covid en France
II. Les individus sont de plus en plus rationnels


I. Une nouvelle réalité socio-économique post-covid en France

En mars 2020, lorsque le Covid-19 a commencé à sévir au sein de la société française, personne ne se doutait qu’il y allait avoir d’aussi grands bouleversements dans le monde du travail. Il est vrai que le recours au télétravail et sa démocratisation pour celles et ceux qui ont pu en bénéficier a été une chose plus que prévisible. À un point où les retours au bureau ont été difficiles et tardent depuis le premier déconfinement de juin 2020.

En revanche, pour beaucoup d’autres employés travaillant dans les « petites » professions, les choses ont été moins scintillantes. Les médias n’en parlent pas, mais il est devenu extrêmement plus compliqué pour ces entreprises de pourvoir leurs postes précaires. En plus, parmi les personnes qui travaillaient déjà au sein de ces boites, nombreux ont été celles qui ont démissionné à la chaîne. Pourquoi donc un tel revirement de situation ?

Tout simplement parce que ces métiers connaissent un total désapprobation de la part des gens à l’air post-covid. Effectivement, quand le monde s’est arrêté de tourner et que les gens sont tous restés cconfinés chez eux pendant que le Covid était totalement en train de paralyser les sociétés mondiales, les Hommes ont profité de l’instant pour questionner leurs existences.

Les Hommes sont désormais davantage attentifs à ce qu’ils veulent faire de leur vie. Beaucoup de personnes ont ainsi décidé de changer de travail, de lancer leur business ou même encore, de reprendre ses études pour pouvoir accéder à une nouvelle profession.

C’est pourquoi, nous observons depuis plusieurs mois maintenant une hausse des démissions chez les salariés en CDI en France, comme c’est le cas dans de nombreux pays au monde comme aux États-Unis. Certaines professions sont particulièrement touchées par le phénomène de « Grande Démission ». Parmi celles-ci, je peux à la louche énumérer les professions les plus touchées par la vague comme celles d’agent d’accueil ferroviaire, conducteur de train, animateur dans les écoles et dans les centres aérés, professeur des écoles, de caissier, de serveur, et bien d’autres.

II. Les individus sont de plus en plus rationnels

Dans une société dans laquelle seul l’argent compte, il est logique que le choix de la profession des individus soit influencé par la rémunération à laquelle le métier va donner droit.

Avant le Covid-19, la France connaissait déjà un climat social compliqué. Peu de personnes s’en souviennent encore, mais nous connaissions en novembre-décembre 2019, les fortes grèves de la SNCF et de la RATP. Au cours de ces grèves pour les retraites et pour les salaires, la circulation des trains, tramways, bus et métros avait fortement été impactée. C’était même devenu historique tellement, c’était inédit. Je me souviendrais toujours des transports qui ne fonctionnaient qu’aux heures de pointe entre 6h et 9h et entre 17h et 20h. Les Parisiens s’en étaient plutôt bien sortis avec les bus et les vélos, mais pour ceux qui dépendaient des métros et des RER, ces mouvements ont été particulièrement létaux.

Après l’épisode du Covid, les gens sont sortis du confinement avec un tout nouvel état d’esprit. Après avoir mûrement eu le temps de réfléchir à leur avenir, on est alors passé d’une société dans laquelle les individus acceptaient leur place dans l’échiquier en allant travailler pour pas grand chose, dans une entreprise qu’ils n’aimaient pas forcément. À une société dans laquelle la recherche du bien-être moral et financier prévaut avant toute chose. On peut qualifier ce phénomène de conscientisation, car les individus ont sont sortis de la routine de base de la rat-race, leur permettant ainsi de s’auto-évaluer et de se consacrer à leurs projets.

C’est de cette façon que j’explique la vague d’absentéisme, de démission et les diverses pénuries de personnel que connaissent ces professions. D’ailleurs, nous sommes sûrement à l’aube d’un phénomène bien plus profond. Les gens ne sont pas dupes. Sommes-nous arrivés à l’apogée du modèle économique que nous connaissons ? Ce modèle où l’on voit les plus gros trinquer pendant que les plus petits souffrent et récoltent les miettes qu’on a daigné leur jeter. Que se passerait-il donc si ces petits décidaient de massivement changer leurs conditions en rationalisant leurs actions en opposition avec le modèle traditionnel qui les asservissait et les verrouillait contre de l’argent à des entreprises. Dans le secteur des transports par exemple, les « petits » postes de la SNCF/RATP sont mal payés. Ils sont même progressivement remplacés par des automates ou par des lignes métros ou de RER(!) automatisés. Par anticipation, ces employés démissionnent par manque de visibilité dans l’avenir et les nouveaux candidats se désistent et fuient, car beaucoup de ces progressions n’ont malheureusement plus d’avenir. Surtout auprès d’une jeunesse dans laquelle on a intériorisé le fait que l’argent faisait le bonheur, et que si on n’a pas d’argent, on est « rien » pour reprendre les mots de Monsieur Macron.

Face à ce désarroi, les entreprises de faire plus avec le personnel qu’ils ont déjà. D’autres essaient de miser sur la jeunesse en comblant les trous avec des étudiants ou avec des intérimaires. C’est le cas de plusieurs enseignes de la grande distribution et aussi de la RATP qui entre mi-septembre et début octobre a lancé une campagne de recrutement à destination des étudiants.

En tout cas, une chose est sûre, ça ne sent pas bon pour ces professions.

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