Weekly Report n°1 - Antilles Grève générale (Crise sociale en Guadeloupe et Martinique causée par l'obligation vaccinale des soignants)

Antilles : Comprendre l’ampleur de la crise sociale en Guadeloupe et Martinique


Depuis quelques mois, la Guadeloupe et la Martinique (Antilles) reviennent régulièrement sur le devant de la scène manifester leur mécontentement face aux mesures prises par le gouvernement français, notamment en terme de santé. Toutefois, la situation a rapidement pris une toute autre envergure lorsqu’à partir du 15 novembre, l’obligation vaccinale des soignants est entrée en vigueur et qu’un bon nombres de personnes se sont retrouvées suspendues. La situation a débouché sur une profonde crise sociale.

Mais que se passe-t-il aux en Martinique et en Guadeloupe et pourquoi l’obligation vaccinale fâche-t-elle autant dans ces zones contrairement à la France métropolitaine ?

Coup d’oeil dans le rétroviseur : je vois le Covid-19 arriver au galop

Depuis désormais un peu plus d’un an et demi, le monde est frappé par une “immense” crise sanitaire causée par le Covid-19 qui semble étonnamment ravager tout sur son passage. Il est question d’un virus qui pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale a contraint des milliards d’êtres humains à limiter temporairement leurs déplacements et leurs libertés pour le bien de tous…

Emmanuel Macron déclare les mesures sanitaires prises sur le Covid-19 (Guadeloupe - Martinique - outre-mer - La Réunion - Mayotte - Guyane - France métropolitaine)
Le président Emmanuel Macron lors de son premier discours sur le Covid-19 en mars 2020

Néanmoins, vous vous en doutez bien, cette situation ne peut pas être éternelle, et pour tenter d’éradiquer le virus, nos gouvernants ont mis les bouchées doubles en jugeant dans un premier temps que les masques n’étaient pas nécessaires, puis en confinant-déconfinant-confinant-déconfinant-confinant-déconfinant dans le plus grand flou total afin de préserver les fêtes de fin d’année et les vacances d’été.

Maintenant, pour revenir sur les Antilles, le problème prend ses racines (très) récentes cet été en juillet quand le président Emmanuel Macron a pris la parole pour annoncer une nouvelle salve de mesures drastiques pour de nouveau tenter d’endiguer la résurgence de l’épidémie. Même si en France métropolitaine, l’obligation vaccinale des soignants a été sujet à de grands débats durant l’été puis s’est faite respectée dans la tranquillité, cette obligation n’a clairement pas été accueillie de la même manière aux Antilles.

Un peu avant la fin de l’été 2021, la situation sanitaire des deux îles a vite dégénéré et les hôpitaux se sont vite retrouvés sous tension. Immédiatement, la faute a été rejetée sur les personnes non-vaccinées (ben voyons), et le faible taux de vaccination des deux îles, ce qui a eu pour conséquence de faire beaucoup réagir dans le débat public. Pour de nombreuses personnes, la situation aurait pu être évitée si les gens étaient vaccinés. Certains y ont vu une opportunité pour rabaisser les populations antillaises en disant qu’elles vivaient dans la désinformation, qu’elles n’étaient pas assez intelligentes pour voir l’efficacité du vaccin comme les autres, qu’elles comptaient sur le vaudou (une pratique très mal vue du point de vue de l’occident) pour les sauver du Covid-19 (mdrr), bref une myriade de qualificatifs péjoratifs pour décrédibiliser un mouvement qui va à contre-sens d’une doxa qui nous est manifestement imposée.

Coup d’oeil dans le rétroviseur – je vois le backstage de la crise sociale des Antilles

Premièrement, il faut savoir que même si ces territoires font partie intégrante du territoire français, les personnes vivant sur ces îles ne vivent pas dans les mêmes conditions que nous. En effet, l’une des plus grandes distinction se fait au niveau du coût de la vie, là-bas, les produits alimentaires sont jusqu’à cinq fois plus chers qu’en France métropolitaine alors que leurs revenus sont bien moins élevés que les nôtres comme en témoigne le tableau ci-dessous :

GuadeloupeMartiniqueGuyaneRéunionMayotteFrance métropolitaine
Niveau de vie moyen1 310€1 360€920 €1 250€260 €1 700 €
Niveau de vie mensuel pour une personne seule, après impôts et prestations sociales. Source : Insee – Données 2017 – © Observatoire des inégalités
GuadeloupeMartiniqueGuyaneRéunionMayotteFrance métropolitaine
niveau général des prix à la conso (03/2010)+8,3 % 9,7 %+13 %+6,2 %/+0 %
niveau général des prix à la conso (03/2015)+12,5 %+12,3 %+11,6 %+7,1 %+6,9 %+0 %
Produits alimentaires (03/2010)+33,8 %+44,6 %+49,0 %+36,6 %/+0 %
Produits alimentaires (03/2015)+41,9 %+47,9 %44,9%+36,8 %/+0 %
Écarts de prix par grandes fonctions entre les DOM et la France métropolitaine (écarts de Fisher). Source : Insee – Données 2010 – © Département des Prix à la consommation, des ressources et des conditions de vie des ménages

Pour vous donner une idée de ce que cela représente en mise en situation, admettons un caddie de course pour deux semaines à 150€ en France métropolitaine. Pour des produits identiques, cela reviendrait à :

GuadeloupeMartiniqueGuyaneRéunionMayotteFrance métropolitaine
Comparaison 🛒 à 150€ en France métropolitaine en 2010200,7 €216,9 €223,5 €204,9 €/150 €
Comparaison 🛒 à 150€ en France métropolitaine en 2015212,85 €221,85 €217,35 €205,2 €/150 €
Tableau comparant l’évolution d’un caddie de 150€ d’alimentation fait en France métropolitaine par rapport à l’évolution de prix des produits alimentaires – Simulation made by Fisko James

Deuxièmement, plusieurs autres problèmes secouent ces îles. On peut notamment parler du taux chômage qui est plus élevé dans ces territoires par rapport à la France hexagonale. En métropole, il est de 8,1% tandis qu’ailleurs il est de 14% en Guyane, 15% en Martinique, 16,6% à La Réunion et de 19,3% en Guadeloupe. On peut alors constater que l’indice de ces territoires d’outre-mer est deux fois supérieur à celui de la France métropolitaine.

Troisièmement, et non l’un des moindres, la situation critique des hôpitaux dans les Antilles. On le sait, ce n’est pas nouveau, les hôpitaux publics français protestent souvent pour obtenir plus de moyens de la part de l’Etat. Néanmoins, en métropole même si la situation est parfois alarmante dans les hôpitaux, dans les hôpitaux d’outre-mer, c’est encore pire. Les moyens matériels manquent cruellement, même chose pour le personnel de santé, ce qui fait que des personnes ne sont malheureusement pas prises en charge et d’autres pas à temps. Sans parler du fait que dans certains endroits, des gens n’ont pas accès en permanence/ou pas du tout à électricité et à l’eau, une situation bien préoccupante.

Quatrièmement, le chlordécone. Il s’agit d’un scandale très connu aux Antilles, même s’il est assez méconnu en France métropolitaine. C’est une affaire encore assez fraiche dans le coeur des Guadeloupéens et des Martiniquais, même une trentaine d’années. En effet, le chlordécone est un insecticide utilisé sur ces deux îles entre 1972 et 1993, dans les bananeraies (plantations de bananiers) alors que sa toxicité et son empreinte dans l’environnement étaient connues depuis les années 1960. On estime que plus de 90% de la population de Martinique et de Guadeloupe en est aujourd’hui contaminée. Des contaminations qui peuvent causer des cancers, et le plus répandu est celui de la prostate.

Cinquièmement, les territoires d’outre-mer souffrent aussi d’un sentiment de manque de considération de la part de l’Etat français. Ils s’estiment isolés non pas que par la distance physique qui existe entre les deux, et il ne s’estime pas assez écoutés. Certains, comme j’ai pu le lire sur Instagram y voit seulement une manière pour l’Etat français de maintenir des sortes de dominion tout autour de la planète, des dominions qui lui permettent d’étendre sa ZEE et d’ainsi avoir la plus grande au monde, bien devant les Etats-Unis.

C’est ainsi que dans un tel climat que le gouvernement à décidé de faire appliquer comme en France métropolitaine, l’obligation vaccinale du personnel soignant et de tout le corps annexe. Une décision qui a été vécue comme la goûte d’eau qui fait déborder l’océan comme aurait dit un ami. Puisque pour de nombreuses personnes, les vaccins sont en phase clinique, ce qui fait que nous ne disposons pas encore d’assez d’informations pour permettre de montrer l’efficacité véritable de ces vaccins, sans avoir d’effets secondaires, une impression encore plus présente dans l’esprit des Antillais, car le spectre du chlordécone et la défiance envers l’Etat français sont encore présents dans les esprits.

Résumé de la situation actuelle

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Pour l’instant, la seule réponse que le gouvernement français a envoyé à ces populations en quête de réponses, a été le choix de la répression et l’envoi de membres du GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale) qui d’ailleurs d’après la définition de l’Internaute est une unité d’élite de la gendarmerie nationale française spécialisée dans la lutte contre le terrorisme et la libération d’otages, une utilisation bien loin de sa fonction classique.

Et vous qu’en pensez vous ? Pensez-vous que la Guadeloupe et la Martinique devraient être indépendantes ? Ou devraient-elles être autonomes à la manière de la Nouvelle Calédonie ?

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