Ce mardi 2 août 2023, dans l’après-midi, le tribunal judiciaire d’Albi a été le théâtre d’une audience difficile. Le prévenu, qui devait répondre d’une tentative de corruption de mineur, comparaissait libre devant la chambre criminelle.
Les faits remontent au 20 octobre 2022. Ce trentenaire résidant à Gaillac surfe alors sur un forum de discussion d’une radio populaire. Il rentre en communication avec une certaine “Eloise2008”. L’échange commence à 15h50.
À 15h57, il lui envoie une première photographie de son corps, à 16h04 de son sexe. À l’autre bout du clavier, son interlocutrice lui explique pourtant qu’elle n’a que 13 ans et étudie en classe de 4e. Cela ne l’empêche pas d’essayer d’obtenir pendant toute la conversation, qui se finira à 17h53, des actes à connotation sexuelle.
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais derrière l’écran, ne se retrouve pas une adolescente choquée au pseudo explicite, mais un officier de police judiciaire. Le Gaillacois a été hameçonné. Il sera placé sous contrôle judiciaire en juin. Il comparaissait libre ce mardi à Albi.
« Je suis conscient de ce que j’ai fait »
À la barre, le prévenu tente d’expliquer son geste, parfois maladroitement, mais avec franchise. « Je suis conscient de ce que j’ai fait, mais je ne maîtrise pas pourquoi j’ai eu ce comportement. » Il évoque une pulsion qui ne visait pas une mineure. « Ce jour-là, ce comportement je ne l’explique pas. » Pourtant le geste n’est pas sans conséquence, le jeune homme est professeur d’EPS remplaçant et ses élèves ont l’âge de cette mineure virtuelle.
Il a côtoyé rien que cette année, un peu plus de 140 élèves répartis sur cinq classes dans le Tarn. Une situation professionnelle qui peut inquiéter sur un risque avec l’une de ses élèves. Cependant, celui-ci écarte l’éventualité. « Je n’ai jamais eu de pensées ambiguës envers un élève ».
« On ne naît pas avec ce genre de thématique à 33 ans »
Suivi et expertisé, le professeur n’a, il est vrai, ni casier judiciaire et ni antécédent. Une aubaine pour sa défense qui a aussi évoqué l’absence de victime réelle dans un comportement qui est intervenu sous le spectre de la dématérialisation. Un écart de conduite qui se serait nourri par sa pauvreté affective et notamment une relation distante avec sa compagne.
« On ne naît pas avec ce genre de thématique à 33 ans », tente-t-il de faire entendre. Et pour nourrir sa défense, celui-ci peut compter sur de nombreux témoignages de collègues et de membres de la direction des établissements qu’il a fréquentés, qui soulignent une absence de comportement ambigu et un bon professeur.
Soutenu par une partie de sa famille à l’audience, le prévenu aura droit à une forme de clémence de la part du tribunal. Il a écopé de 18 mois d’emprisonnement avec sursis probatoire de deux ans, d’une obligation de soins, d’une interdiction définitive d’exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact habituel avec des mineurs, d’une inscription au fichier des délinquants sexuels et d’une inscription au bulletin.
En somme, le tribunal a, à la fois, décidé de mettre fin à sa carrière de professeur mais aussi d’éviter tout risque potentiel d’un futur passage à l’acte.
Sources : La Dépêche / Midi Libre